Le livre noir by Orhan Pamuk

Le livre noir by Orhan Pamuk

Auteur:Orhan Pamuk [Pamuk, Orhan]
La langue: fra
Format: epub
Tags: A_Poster, Littérature Turque
ISBN: 9782070401192
Google: 4cuLGQAACAAJ
Éditeur: Folio
Publié: 1990-01-14T23:00:00+00:00


DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE I

La maison fantôme

« Il se sentit triste comme une maison démeublée. »

Flaubert

Le téléphone s'était mis à sonner trois ou quatre secondes après l'ouverture de la porte, mais Galip s'affola à l'idée qu'un lien mécanique unissait la sonnerie et la porte, tout comme les impitoyables mugissements des alarmes dans les films de gangsters. Alors que le téléphone sonnait pour la troisième fois, Galip, persuadé qu'il allait se heurter à Djélâl, tentait de parvenir jusqu'à l'appareil dans le noir. À la quatrième sonnerie, il décida qu'il n'y avait personne dans l'appartement, mais à la cinquième, qu'il y avait sûrement quelqu'un, car on n'insiste pas si longuement au téléphone si l'on n'est pas certain que la maison n'est pas vide. À la cinquième sonnerie, il s'efforçait de reconstituer la topographie de l'appartement fantôme où il était entré pour la dernière fois quinze ans plus tôt ; il cherchait à tâtons les interrupteurs, et il s'étonna de rencontrer un meuble sur son chemin : il courut vers la sonnerie, dans le noir le plus complet, il se heurta à des meubles, en renversa quelques-uns. Quand, après bien des recherches, il finit par trouver l'appareil, son corps avait instinctivement découvert un fauteuil et s'y était installé.

« Allô ? »

« Vous avez donc fini par rentrer ! » lui dit une voix inconnue.

« Oui... »

« Djélâl bey, cela fait des jours et des jours que je vous cherche. Je vous prie de m'excuser de vous déranger à cette heure tardive, mais il faut absolument que je vous voie, et au plus tôt. »

« Je n'ai pas reconnu votre voix... »

« Nous nous étions rencontrés, il y a bien longtemps, à un bal à l'occasion de la fête de la République. Je m'étais présenté à vous, Djélâl bey, mais vous ne vous souvenez probablement pas de moi. Au cours des années qui suivirent ce bal, je vous ai adressé deux lettres, signées de pseudonymes que j'ai moi-même oubliés. Dans l'une de ces lettres, je vous parlais d'une explication plausible du mystère qui entoure la mort du sultan Abdulhamit. Dans l'autre, il était question de cette machination qu'on désigne sous le nom du “crime de la malle”, crime qui aurait été commis par certains étudiants de l'Université. Je faisais allusion dans cette lettre au rôle joué par un agent secret qui disparut par la suite ; là-dessus vous aviez enquêté sur cette affaire, vous l'aviez résolue, avec votre profonde intelligence, et vous en aviez longuement parlé dans certaines de vos chroniques. »

« Oui. »

« En ce moment, j'ai un autre dossier, là devant moi. »

« Déposez-le au journal. »

« Je sais que vous n'y allez plus depuis longtemps. En outre, j'ignore jusqu'à quel point je peux me fier aux gens de la rédaction, sur ce sujet si brûlant et si actuel. »

« Bon, dans ce cas, déposez-le chez mon concierge. »

« Mais je ne connais pas votre adresse. Aux PTT, les Renseignements ne fournissent pas l'adresse correspondant à un numéro. Et vous êtes peut-être inscrit sous un faux nom dans l'annuaire : on n'y trouve aucune indication au nom de Djélâl Salik.



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